“Il y a une faille dans toute chose, c’est par là qu’entre la lumière.” Leonard Cohen

Bonjour!  Comment allez-vous en ce milieu d’été?  Quel beau temps nous avons eu à date! 

Je tenais à vous donner des nouvelles de ma convalescence quatre mois après mon AVC. Après la visite chez mon neurologue la semaine dernière pour les résultats des scans et de la résonnance magnétique,  les nouvelles sont bonnes. J’ai bel et bien fait un AVC hémorragique.   Heureusement, l’hémorragie s’est arrêtée de façon spontanée.  Il n’y a aucune cause apparente (tumeur, malformation des vaisseaux).  Donc une anomalie qui a eu comme conséquence une dysesthésie du côté gauche (sensation anormale, sensation bizarre comme des brulûres, des démangeaisons, des picotements, des toile d’araignées; erreur d’interprétation: je sens ma jambe et mon bras surtout très froid alors qu’il n’en est rien).  C’est une conséquence mineure alors que 1/3 des personnes ayant eu un AVC restent avec un handicap plus important.  De plus, je ne sens pas ma capacité cognitive exactement comme avant (mémoire, attention). Donc je dirais que ce qui me reste de cet épisode sont des handicaps invisibles.  

J’envisage fort probablement de recommencer l’enseignement du yoga (incluant la méditation) pour la session d’automne.  Je reprendrai un horaire moins chargé.  Vous me manquez!  Je vous reviens vers le 25 août avec une décision.  Je ne veux surtout pas débuter quelque chose et abandonner!   J’envisage surtout de recommencer à donner les cours du matin et de l’après-midi. Pour le soir….on verra!

Presque chaque jour, je nage au lac, je médite, je pratique les asanas, je prends de bonne marches et je contemple la vie, son sens et comment je désire intégrer cette expérience (et bien d’autres) quotidiennement pour vivre avec contentement.  Je désire diminuer ce désir d’être parfaite.   Ce chemin ne mène qu’à la déception et à l’épuisement! J’en sais quelque chose!  Et je ne suis pas seule je crois.  Pendant que j’essai d’être parfaite (impossible!), la vie passe.  Je veux être simplement moi-même et accepter que la vie est une expérience salissante et désordonnée!  Essayer d’être quelqu’un d’autre dans un futur incertain est malsain.  Alors j’apprends à accepter que je suis assez (Good enough comme disait le psychologue Winnicott) Si vous avez envie de lire mes réflexions du moment continuez ici…

Paul et moi avons loué  un chalet pour l’été à St-Donat.  Nous profitons de la nature et de la vue thérapeutique de l’eau.   Il y a un lien entre la proximité d’un lac et notre bien-être psychologique.  Vous en avez sans doute fait l’expérience : vous arrivez au chalet ou au camping;  vous sortez de la voiture et votre regard balaye la vue du lac, vous humez le parfum de la forêt, vos oreilles reçoivent le son des petites vagues qui touchent la berge,  le son du vent et des oiseaux.  L’effet est presque instantané : vos muscles relaxent comme si votre cerveau et votre respiration calquaient le va et vient doux de l’eau du lac.   Mais aujourd’hui, dimanche, il pleut.  Une pluie qui est la bienvenue dans la nature bouleversée par tant de sècheresse et de canicule.  La terre accueille cette pluie comme un noyé qui prend enfin une grande inspiration!  Elle boit, elle boit et une fois rassasiée, elle pourra expirer en faisant éclater les fruits et encore plus de fleurs.   J’adore ces journées!  Le lac est ce qu’il est : mouvementé par la nature et non par le bruit des moteurs!

 Un des premiers jours de  juillet, j’étais venue seule au chalet avec Rufus.  Après une belle baignade, suivie d’une pratique de yoga, je m’assois pour méditer face au lac.  Il est passé 18h00.  Le soleil est encore chaud et j’expire d’aisance en m’installant.  Au même moment à l’intérieur de mon crâne, le mental rouspète :

 C’est à ce moment qu’un voisin décide de s’amuser avec son sea-doo devant le chalet : vroom à droite, vroom à gauche et on recommence!  Pas de ligne droite!  L’idée c’est de revenir et d’affronter les vagues de front! Et Yé, on recommence!  Les vagues frappent le rivage de plus en plus fort et érodent la berge.  Je pense à l’écosystème du  lac qui est déstabilisé.  Les gens désirent s’évader de la grande ville pour fuir le bruit et la pollution.  Mais il est aussi difficile de se retrouver dans le silence que de se ‘déconnecter’ de nos écrans soi-disant intelligents!  

La conscience se montre le bout du nez très timidement :

Belle compassion tu as! Allez accepte le bruit, le moment présent tel qu’il est, sans le juger.  

Mental :

Quel idiot veut faire ce vacarme!

Conscience :

Que sais-tu de lui ou elle?  Allez, on relaxe en utilisant l’acronyme R.A.I.N.qui veut dire pluie en anglais.  On suit ici, les quatre étapes suivantes :

– Reconnaître ce qui se passe; ça m’énerve là ce bruit, cette pollution!  Je suis distraite! Je n’arrive pas à me détendre et à me concentrer.

– Accepter l’expérience entièrement;  Ok, il y a une personne qui semble avoir du plaisir avec son sea-doo sur l’eau. Je suis dérangée.   Je suis frustrée.  Je voulais le silence de la nature.  C’est ce qui est présentement.  Je ne résiste pas à mes émotions et à mes jugements sur la situation. Je les accepte tout simplement. Et je me répète : Ok, Ok. Ça va.

– Investiguer avec soin et curiosité;  Où est-ce que je ressens la tension du moment dans mon? À quelle croyance suis-en train de donner raison?  Je crois que ça prend le silence pour méditer.  Je crois que ma manière est meilleure.  Vraiment? Quelle est la peur sous-jacente à cette croyance?  J’explore ses questions avec bienveillance, honnêteté et un sentiment de sécurité.

– Nourrir avec auto-compassion;  Je reste avec l’expérience en apportant douceur, tendresse envers mes émotions et aussi envers l’autre.  Je pose souvent dans ce moment une main sur mon cœur en me répétant : ‘it’s ok darling’ ou ‘ fais confiance à la vie.

Bon c’est un exemple relativement simple.   Je pense souvent à Ram Dass,  ce guide spirituel de grande renommée.  À 87 ans, il vit complètement la compassion et la bienveillance. Il aime tout le monde! Sur son autel où il y a statue et photo de son guru, il y a aussi une photo du président américain!   La bienveillance n’est pas juste pour ceux qu’on aime ou qui sont faciles à aimer; c’est pour tous les gens qui sont sur notre chemin (de manière concrète ou virtuelle!).  Et aussi pour toutes les facettes de notre être; les facettes que nous sommes heureux de montrer et celles qui nous gênent car on les juge comme étant négatives.

 En utilisant l’acronyme R.A.I.N. lorsque je me sens frustrée, triste, indécise, déprimée, agressive je vois plus clairement mes schémas de pensées et mes réactions. Il y a une pause un peu plus longue entre ce qui arrive et ma réaction (2 fois sur 10!!).  C’est un processus.  Ce n’est pas un remède miracle.

En revenant à Ram Dass,  il a dit  ceci (je l’ai entendu répété par Tara Brach, mon professeur de méditation) (traduction libérale) :

« Lorsque vous vous promenez dans la fôret,  vous voyez tous ses arbres différents.  Certains sont croches, certains sont droits, certains sont des sapins et d’autres des feuillus.  Et vous regardez les arbres et vous leur permettez d’être comme ils sont.  Et vous voyez pourquoi ils sont comme ils sont. Vous comprenez par exemple qu’ils n’ont pas eu suffisamment de lumière.  Et vous ne devenez pas tout émotif à cause de ça.  Vous leur permettez d’être, tout simplement.  Vous appréciez l’arbre. Dès la minute où vous vous approchez des humains, vous perdez tout ça.  Et vous dites constamment ‘Vous être trop ceci, ou je suis trop ceci.’  Le mental qui juge est là. Alors je me pratique à faire des personnes des arbres.  Ce qui veut dire, les apprécier juste comme elles sont. »

C’est aussi un texte que je médite beaucoup!  Et que je m’efforce de mettre en application!

Il y a beaucoup de choses que j’ai envie de partager et d’échanger avec vous.   Est-ce que ce partage a de la valeur?    Je rêve même de vous accueillir de nouveau chez moi.

On continue à mijoter ça en profitant de l’été tel qu’il se présente à chaque matin! Réflexions d’une collègue professeur de yoga (qui a eu un cancer il y a deux ans) Les croyances (par rapport à la maladie) Nathalie Perret. (mercredi le 18 juillet 2018) Les croyances sont omniprésentes, elles sont nécessaires, mais peuvent aussi être limitantes voire nocives. Et surtout elles sont personnelles, liées à ce que nous sommes. C’est donc essentiel de ne pas les imposer aux autres, en particulier en cas de maladie grave. Dans le milieu du yoga, j’en ai tellement entendu des vertes et des pas mûres! Attention aux jugements trop faciles!

1) Un(e) professeur(e) de yoga fait attention à sa santé, donc il/elle ne devrait pas être atteint de maladie grave (cancer, dépression ou autre).  Sinon ce n’est pas un(e) bon(ne) professeur n’ayant pas été capable de se garder en santé…En fait, le but du yoga n’est pas de prévenir la maladie, mais de nous aider à mieux vivre, dans le moment présent, ce que la vie nous offre!

2) Un mode de vie sain, une bonne alimentation vont prévenir la maladie. Le mode de vie ne garantit pas une santé parfaite, et la prévention peut être liée à la peur, elle peut causer des attentes, du stress, de la frustration,…

3) Les médecins, les médicaments et traitements vont me guérir, le système de santé a pour but de me guérir. La guérison ne peut pas venir uniquement de l’extérieur. Il est essentiel de se responsabiliser par rapport à sa santé.

4) Il faut souffrir pour être heureux, pour guérir, pour grandir.  Les difficultés, les épreuves font grandir spirituellement.Notre vie, notre cheminement est fait d’expériences, plus ou moins faciles à accepter. C’est notre choix de les apprécier ou non. La souffrance n’est pas nécessaire, même si sortir de sa zone de confort peut être (parfois très) inconfortable.

5) Je suis né(e) pour un « petit pain ». C’est normal d’avoir des problèmes de santé, tout le monde en a.Vivre heureux et serein est un état intérieur accessible à tout le monde et qui dépend peu des conditions extérieures dans lesquelles on vit.

6) Je n’ai pas méritée cette maladie. C’est injuste. Pourquoi moi?La culpabilité et les regrets sont inutiles et même néfastes. La maladie n’est ni positive ni négative, c’est une expérience, qui, oui, peut être difficile à vivre.

7) Je ne suis pas responsable de ma maladie, c’est l’environnement qu’on m’a imposé, c’est une maladie de famille,…La maladie est créée par tout un ensemble de facteurs extérieurs (mode de vie, pollution), et intérieurs (prédisposition génétique, stress, croyances, émotions…)

8) Accepter la maladie, c’est renoncer au combat, renoncer à vivre.  En fait, accepter la maladie est une étape essentielle pour mieux vivre! Il faut lâcher ses résistances (refus, attachement au passé) pour être pleinement dans le présent. Un animal ne refuse pas la maladie. Il s’adapte.

9) Prendre soin de soi est égoïste.  La maladie est un message du corps qui demande à être écouté. Il est donc essentiel de répondre à ses besoins et d’en prendre davantage soin.

10) La maladie est un échec, une malchance, une punition.  C’est seulement une expérience neutre à vivre. Cela ne remet pas en question nos compétences ou ce qu’on est. Ce n’est pas la conséquence unique et directe d’actions, de comportements ou de pensées.

11) La maladie est une chance, un cadeau parfait.  C’est seulement une expérience neutre, mais on peut parfois l’utiliser comme un tremplin pour faire des changements dans sa vie.

12) C’est le karma, le destin.  On doit subir les conséquences de ses vies antérieures, ou la loi de Dieu,…En fait, on a toujours le choix d’accepter ou de refuser ce qui se présente, avec ses conséquences. On peut choisir l’interprétation de ce que l’on vit. Devenir co-créateur de sa vie.

L’essentiel est de ne pas se juger, d’être présent à ce qui est là et de laisser la vie s’exprimer à travers soi! Croyances–suite (liées à la maladie des autres) 1) La vie est un combat. Il faut se battre pour vivre.La vie nous présente des expériences. C’est plutôt la résistance, la non-acceptation de ce qui est là, qui est un combat et qui est souffrance. Une fleur ne se bat pas pour vivre.

2) Si tu y crois assez fort, ton souhait sera exaucé.  La guérison n’est pas seulement une question de croyances, même si celles-ci jouent un rôle essentiel. La guérison, comme la maladie, est liée à un ensemble de facteurs.

3) Rien n’arrive pour rien. La maladie a nécessairement une bonne raison d’être.Et si c’était le hasard, le “jeu de l’univers” ou bien simplement qu’on ne pouvait pas connaitre cette raison? Comment expliquer la leucémie d’un bébé, le décès d’un enfant?

4) Tu as quelque chose à apprendre. Il faut trouver le sens de la maladie.Et s’il n’y en avait pas ? Il est surtout important d’observer, de porter attention aux messages du corps dans le moment présent, sans jugement. L’essentiel est d’accueillir avec douceur, empathie, tendresse et amour la partie de soi qui est douloureuse et qui souffre. D’être à l’écoute de ses besoins non exprimés.

5) Tu dois changer ton mode de vie pour guérir.  Peut-être, ou peut-être pas. L’essentiel est d’observer la façon de penser, les croyances, l’interprétation que l’on a de ce qu’on est en train de vivre. Être prêt à s’adapter quoi qu’il arrive, à changer ce qui doit être changé et à évoluer. Comme les arbres perdent leur feuillage à l’automne quand le froid arrive.

6) Ce qui ne tue pas rend plus fort. On peut guérir si on se bat suffisamment fort.Il n’est pas nécessaire d’être fort, mais plutôt de faire face courageusement, avec conscience, à ce qui se présente.

7) La vie t’envoie les épreuves que tu es capable de surmonter.  Il ne s’agit pas d’être capable ou non, physiquement ou mentalement. Il faut s’adapter, comme une roche au milieu d’une rivière bousculée par les flots, parfois plus violents. Elle résiste, immobile et bien ancrée, ou se laisse emportée plus loin par les flots, cela n’a pas d’importance.

8) Sa maladie est méritée, justifiée, utile ou nécessaire (ou l’inverse).  On ne connait pas ce que vit l’autre intérieurement ni son chemin de vie, alors aucun préjugé, présomption ou jugement n’est acceptable.

9) Il faut toujours être positif, ou voir ce qui est positif.  L’essentiel est de pouvoir exprimer ce qu’on ressent de façon sincère, sans rien nier, cacher ou refouler. Tout le monde vit des moments plus difficiles, cela fait partie de la vie, comme l’hiver fait partie du cycle de la nature.

10) Tu es responsable de ta maladie, tu l’as créée, c’est ce que tu as choisi de vivre.  La maladie est créée par tout un ensemble de facteurs (mode de vie, pollution, prédisposition génétique, stress, …) Un animal ne choisit pas la maladie. Et un arbre, fait-il le choix d’être malade?

La guérison n’est pas forcément nécessaire pour pacifier nos problèmes. Les choses apparaissent puis disparaissent pour réapparaitre… La guérison consiste à faire de l’espace (pour la tristesse, le deuil, la douleur, la joie, le désespoir…) en acceptant que tout cela se produise. « Ton seul travail est de t’aimer, te valoriser, de t’imprégner de vérité, d’estime et d’amour de soi pour être amour en action. C’est le véritable service, pour soi et ceux qui nous entourent. » Anita Moorjani

P.S.: Je viens de faire mes premières ‘vraies’ inversions depuis mon AVC : équerre, Pincha Mayurasana, Sirsasana (posture sur la tête)!  Youppi! Suivie de 30 minutes de Yoga Nidra pour que le cerveau assimile le tout avec douceur.

Sereinement (ou presque!),

Dominique                    xxx                P.s.: malgré le temps gris ici, je garde ma tête au-dessus de l’eau!